Interview de Clémentine Claire

Peux-tu te présenter en 3 phrases ?

Je suis Clémentine et je suis hypersensible. J’ai 37 ans, et je suis maman de 4 enfants hypersensibles (chacun à leur manière). Je suis une mompreneuse, et l’hypersensibilité est au cœur de mon métier aux multiples facettes: j’accompagne les parents, les enfants, les personnes hypersensibles, à la rencontre d’eux-mêmes pour avancer en accord avec qui ils sont.  

À quelle période de ta vie as-tu découvert que tu étais hypersensible ?

J’ai découvert que j’étais TROP sensible dans ma petite enfance. J’ai rapidement compris ma différence avec les autres enfants, et que ma sensibilité, mon émotivité n’étaient pas adaptées à la vie sociale… J’ai découvert que j’étais hypersensible (et donc pas seule, que ça pouvait être une force) à plus de 30 ans.  

Quelles sont les 3 choses que tu aimes le plus en lien avec ton hypersensibilité ?

Les conversations profondes, en me reliant au cœur de l’autre.  

Remarquer les petits détails : contempler la nature et remarquer le nœud de l’arbre, la petite feuille qui s’apprête à tomber, mais aussi remarquer la petite expression de tristesse presque invisible derrière le rire d’une personne, remarquer la petite fille qui est un peu en retrait dans le groupe, etc…

Être émue par un paysage, une musique, au plus profond de moi (alors que les autres trouvent simplement ça beau). 

Quelles sont tes 3 plus importantes valeurs dans la vie ?

  • Mettre le lien en priorité : privilégier la relation avec ceux que j’aime, notamment mes enfants. 
  • L’authenticité :  je n’ai pas toujours été authentique, par peur, pour plaire, pour ne pas décevoir (mon hypersensibilité me permettait d’être caméléon naturellement). Aujourd’hui, l’authenticité est une de mes valeurs profondes, dans ma vie privée ou pour mes accompagnements, c’est ce qui me permet d’être en accord avec moi-même et de me faire avancer.
  • La créativité /adaptabilité : La créativité est pour moi indispensable pour s’adapter aux situations, trouver des solutions nouvelles, franchir un obstacle, transformer une situation difficile en opportunité. 

Quelles solutions as-tu trouvées pour gérer les principaux challenges de ton hypersensibilité, les côtés moins fun ?

Ce qui m’a le plus aidé c’est l’acceptation. L’acceptation de mon hypersensibilité m’a permis d’accueillir plus sereinement tout ce que je vis. Et c’est ce qui est le plus aidant pour moi. 

Accueillir mes émotions, aller chercher les besoins comblés ou non comblés qui y sont liés.

Ce qui est aidant aussi, c’est de savoir ce qui me ressource, ce qui remplit mon réservoir affectif. Lorsque je suis en surstimulation, je me ressource facilement pour élever mon niveau de bien-être. La sensibilité au bruit me faisait partir au quart de tour,  par exemple… :

  • L’acceptation a été une grande aide, cela me permet de ne pas être en colère contre les autres qui ne sont pas aussi sensible et pour ne plus me forcer à aller dans des endroits bruyants. 
  • La CNV, pour exprimer mon besoin de calme
  • Me ressourcer (et je trouve que c’est facile de me ressourcer grâce à mon hypersensibilité,  car il suffit de peu pour m’apporter du bien-être (un paysage, une musique, plonger mon regard dans celui de mon enfant…) 

Ce qui reste le plus difficile c’est l’anxiété, l’anticipation, le cerveau qui bouillonne… j’ai quelques outils qui m’aident (en ce moment, la respiration, le Qi Gong, et j’ai pleins d’outils que j’utilise en fonction des moments), mais c’est quelque chose qui est quand même relativement présent dans ma vie.

Le repos, est quelque chose qui est indispensable pour moi (là encore, l’acceptabilité de ce besoin a été primordial pour bien le vivre et en retirer les bénéfices, au lieu de culpabiliser).  

Quel est LE truc que tu as appris à propos de l’hypersensibilité qui a le plus changé ta vie ?

Quand j’ai appris que les hypersensibles étaient indispensables à la société, depuis toujours (en lisant Elain Aron). Cela m’a fait beaucoup de bien. J’ai ressenti un apaisement en moi, ressenti au plus profond de moi, ma juste place, et que j’ai eu envie de me montrer au monde telle que je suis. J’ai passé la plus grande partie de ma vie à jouer au caméléon, pour convenir aux autres, alors, être moi-même a été un énorme changement dans ma vie ! 

Peux-tu nous en dire plus sur ton parcours professionnel ? Comment et pourquoi as-tu choisi ton métier actuel ?

J’ai d’abord été technicienne biologiste de formation et de recherche (je travaillais en laboratoire de diagnostic et de recherche à l’école vétérinaire. J’avais été embauchée dès la fin de mes études.) J’ai aimé la recherche, j’ai aimé la partie pédagogie avec les étudiants, j’ai aimé avoir mes méninges en action pour réorganiser constamment mes analyses pour rendre le résultat au plus vite, j’ai aussi eu la chance d’avoir des collègues avec lesquelles j’ai adoré travailler.

Et puis, j’ai moins aimé le stress de se tromper, l’impact d’une inattention sur une grande série de d’analyse, les « médisances » des collègues sur les une ou sur les autres, le manque d’authenticité, raconter l’erreur d’une collègue pour améliorer son image…Aujourd’hui, je sais que ça part d’une blessure, d’un besoin non comblé, et je serai dans l’accueil, mais à ce moment-là, je ne voyais que le manque d’authenticité et c’était très douloureux et anxiogène de travailler dans cette ambiance. J’appréciais chaque personne individuellement, mais le groupe m’était insupportable. J’ai commencé la formation de consultante en parentalité de Catherine Dumonteil Kremer à un moment où mon administration m’avait refusé une formation importante pour moi, ça avait été une énorme déception, et du coup, quand j’ai vu qu’il y avait encore des places pour la formation, je me suis dit « oh, j’aimerai tant ! » cela faisait longtemps que j’avais entamé le chemin d’une parentalité consciente et respectueuse, et j’avais envie d’aller plus loin. Je n’imaginais pas en faire mon métier ! La formation a été incroyable, c’était la première fois que mes émotions étaient accueillies, que j’ai senti toute ma valeur, j’y ai trouvé l’accueil inconditionnel de mes pairs, des relations authentiques, j’ai énormément appris sur moi. Pendant la formation, j’ai commencé à animer des ateliers de parents et ça a été une révélation !

J’ai diminué mon activité au laboratoire pour laisser une petite place à mon activité de consultante. J’avais 3 enfants et mon troisième (neuro atypique) avait de nombreux rdv, j’ai décidé de consacrer mon temps de travail à mon activité de consultante et de continuer à être présente pour mes enfants. J’ai continué à me former, encore en encore, dans le domaine de l’accompagnement, du développement personnel, des ateliers bien-être pour les enfants j’ai fait un coaching en apprentissage. Les coachings en développement personnel sont arrivés à moi naturellement, et, j’ai remarqué que je coachais principalement des personnes hypersensibles, petit à petit, c’est devenu ma spécialité. 

Est-ce que tu connais ton type de personnalité MBTI ?

D’après les tests de personnalité, je serai un médiateur, mais c’est très difficile pour moi de répondre à ces questions « vous préférez …plutôt que… » car souvent, ça dépend des situations, je ne suis pas l’un ou l’autre. 

Est-ce que tu accepterais de nous parler un peu de ton enfance ? 

Je suis née à Nantes, j’ai grandi à Nantes, et je n’ai jamais quitté la région nantaise. Je suis la troisième d’une fratrie de quatre enfants. J’ai un grand frère de 8 ans de plus que moi, une grande sœur de 4 ans de plus que moi et une petite sœur de 6 ans de moins que moi. Nous idolâtrions notre frère. J’ai adoré la relation que j’avais avec lui. Avec ma grande sœur nous étions très proches, nous avons longtemps joué ensemble, et ensuite, j’étais aussi sa confidente, j’ai adoré écouter ses histoires d’adolescente ! J’ai été la petite dernière pendant presque 6 ans. C’était MA place, elle me convenait parfaitement… Et puis ma petite sœur est arrivée, ça a tout changé. Ça a basculé très vite, car elle est née prématurée (listériose). Toute la famille était préoccupée. J’étais partagée entre la joie d’avoir une petite sœur, et la tristesse de ne plus avoir l’attention que j’avais auparavant. Nous avons passé de très bons moments toutes les deux. Avec mes parents, c’était compliqué : On me décrivait comme « adorable » à l’extérieur de chez moi, et ce n’était pas le cas à la maison. J’étais souvent triste ou en colère. Mes journées à l’école étaient stressantes, et quand je rentrais je déchargeais beaucoup, je ne me sentais pas comprise et je claquais les portes. C’était le plus difficile, et heureusement, il y avait de nombreux moments très chouette, on voyageait, on avait une maison de vacances à St Brévin (ils l’ont toujours d’ailleurs), et on passait tout l’été là-bas, on était libres, on avait beaucoup de copines à la maison. 

Ce qui était difficile pour moi, c’est qu’à l’école, j’étais la pleureuse, « Elle pleure encore ! » et ça a duré toute ma scolarité, on s’est beaucoup moqué de moi, même si, à partir du lycée, les temps où j’ai pleuré se sont un peu estompées (quoi que , je me rappelle à l’oral du bac de français commencer à avoir les larmes aux yeux, après une remarque de la prof et elle m’a dit « Oh non, vous n’allez pas pleurer quand même ! » bon, bah forcément, j’ai pleuré… C’est vraiment à l’école où je vivais le moins bien mon hypersensibilité.

Si tu pouvais t’envoyer une lettre à toi-même dans le passé, à tes 16 ans, que te dirais-tu ? Quels mots choisirais-tu pour convaincre ton toi plus jeune de t’écouter ?

A 16 ans, j’étais déjà avec mon mari, alors, je crois que je ne me dirais surtout pas ça, car ça aurait pu me faire peur. C’est un exercice que j’ai déjà fait, ça se fait beaucoup en développement personnel. Je crois que je me dirai : 

« Chère Clémentine, tu te crois trop sensible, trop timide, pas assez forte… Ce n’est qu’illusion. Tu es hypersensible (je sais, tu te dis que ça te fait une belle jambe, mais attends la suite). Tu es hypersensible et c’est une particularité merveilleuse, si tu apprivoises cette hypersensibilité, tu y découvriras ses trésors ! Tu as le droit de pleurer, c’est même salvateur de pleurer, ne retiens pas tes larmes, et ne cherche plus à plaire aux autres (ça risque de t’apporter des ennuis). Si tu lâches prise et fais confiance à la vie, elle va t’apporter ce dont tu as besoin ! »

Cela dit, je pense que le chemin est important, tout ce que j’ai vécu m’a servi d’expérience pour comprendre qui je suis ! 

Quels sont les 3 livres qui t’ont le plus influencé ? Pourquoi ? 

  • « Sacrées sorcières » Roald Dahl : j’étais fasciné par les sorcières, par la particularité, j’avais recouvert la couverture pour le protéger, j’aimais le regarder, le garder près de moi.  
  • « parents efficaces » Thomas Gordon : a été pour moi un déclic, il m’a permis de changer de regard sur l’éducation. C’est le  premier livre que j’ai lu sur la communication non violente et la parentalité respectueuse. Aujourd’hui, je conseillerai plutôt les livres de Catherine Dumonteil Kremer, mais je l’affectionne particulièrement, car c’est le tournant d’une grande étape de ma vie.
  • « Ces gens qui ont peur d’avoir peur » Elaine Aron, le premier livre que j’ai lu sur l’hypersensibilité. C’est la première fois que je voyais l’hypersensibilité comme une force, j’ai pu me reconnecter à ma puissance intérieure (qui était bien enfouie…)  

Qui sont les 3 personnes qui t’inspirent le plus ? Pourquoi ?

Beaucoup de personnes m’inspirent, enfin, des parties d’elles et à certains moments, donc je trouve difficile de rester sur cette question. En tous cas, sans réfléchir, la personne qui me vient, c’est ma grand-mère paternelle, je pense souvent à elle et à l’amour inconditionnel qu’elle a apporté à ses 14 petits enfants. Avec mon grand-père, ils faisaient de la vie ordinaire des moments extraordinaires, pleins de magie, de joie, de créativité ! J’ai eu des grands-parents extraordinaires !

Qu’est-ce que tu aimes le plus culturellement ?

C’est une question délicate pour moi. Culturellement, j’aime ce qui me fait vibrer, ce qui me donne des émotions. J’aime beaucoup les films Ghibli, mais sinon, rien de spécifique, c’est variable, en fonction du moment : je vais aimé un tableau, un objet dans un musée, un plat de restaurant, l’harmonie du décor d’un autre, j’aime une chanson, mais pas forcément les autres. Je picore un peu de tout… 

À quoi ressemble ta journée parfaite ?

Je n’ai pas de journée idéale, ça s’équilibre sur plusieurs jours, car j’ai 4 enfants, et si je veux passer du temps à faire tout ce que j’aime pour moi, avec eux, 24h ne sont pas suffisants. Mais je vais essayer d’en inventer une.

La journée idéale commence par un petit déjeuner au soleil sur ma terrasse à regarder les arbres ou les fleurs qui sortent, à manger des fruits frais de saison, un temps de Qi Qong, du yoga, un temps avec mes enfants pour leur petit déjeuner. Une séance de coaching avec une de mes clientes, j’adore ces séances ! Un déjeuner avec des produits de qualité, des légumes frais (bio), une sieste, une balade dans la nature, du temps de créativité (lettering, sketchnoting, dessin), un temps de lecture, et un temps de formation (je me forme continuellement, j’adore ça !), préparer un bon goûter pour mes enfants, puis des moments de jeux ou de partages avec chacun d’entre eux. Un temps d’écoute avec une de mes amies, un bon dîner, et un temps de jeux en famille. Dans cette journée idéale, j’ajoute un temps privilégié avec mon mari (une conversation profonde, une balade, un moment de tendresse,…) Voilà, ça ne rentre pas dans 24h, mais une partie chaque jour, ça fait une semaine idéale.

Est-ce que tu pourrais nous partager une de tes habitudes où tu connais peu ou pas de gens faisant comme toi ? 🙂

Je ne termine jamais une tasse de thé ou d’infusion. Je laisse toujours un fond, ce qui ne m’empêche pas de me resservir. Ce n’est valable que pour les tasses, pas pour les verres.

À quoi ressemblent tes meilleurs clients, ceux avec lesquels tu as le meilleur feeling ?

J’accompagne principalement des femmes, des mères qui ont la trentaine, mais j’ai aussi des clientes de 25 à 50 ans. Je peux aussi accompagner des hommes, mais c’est très rare. Ce sont des femmes qui sont en transition, elles vivent ou viennent de vivre un changement majeur (burn-out, reconversion professionnelle), elles sont en transition et veulent mieux se connaître, pour avancer en accord avec qui elles sont, découvrir leur forces et les mettre au service de leur vie. Elles s’intéressent à la parentalité positive, au développement personnel. Elles veulent vivre des relations authentiques, et se sentir soutenue en confiance pour (re)trouver leur plein potentiel et voler de leur propres ailes. 

Quels sont les principaux problèmes et les croyances limitantes de tes client.es ?

Mes clientes n’ont pas confiance en elles, elles doutent, le regard des autres prend beaucoup de place, elles ont du mal à trouver leur place et s’affirmer de manière sereine et accueillante. Elles ont une vision floue de ce qu’elles souhaitent vivre. 

Comment les aides-tu à surmonter ces problèmes, compte tenu de leurs croyances préalables ?

Je les aide à avoir une vision claire de ce qu’elles souhaitent vivre, puis, petit à petit, on va définir ensemble les étapes pour y arriver, elles découvrent leurs forces, on débusque des peurs et des croyances limitantes par divers outils. Je les reconnecte à leur sensibilité (et tous les trésors qui y sont cachés) pour qu’elles puissent trouver en elle les ressources et qu’elles trouvent leur boussole intérieure pour avancer en accord avec qui elles sont. Nous avons une relation authentique, c’est primordiale pour avancer en profondeur. Elles peuvent me contacter entre les séances à tout moment de l’accompagnement, pour que je leur donne du soutien. Je m’implique beaucoup dans mes accompagnements, j’accompagne peu de personnes en même temps pour qu’elles en retire un maximum de bénéfices

Pour ceux qui sont intéressés par ton accompagnement, que doivent-ils faire ?

Les personnes intéressées peuvent me contacter par mail, en me laissant leurs coordonnées, contact@clementineclaire.com nous prenons un temps pour échanger ensemble par téléphone ou visio, pour voir déjà ce dont elles ont besoin et comment je pourrai les aider. On prend le temps de se connaître, l’une et l’autre. C’est un temps offert, sans engagement. 

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